« Modalités contemporaines de la simultanéité dans M.M.M.M. (quatre romans) de Jean-Philippe Toussaint »,
Résumé
Dans les quatre romans qui constituent l’ensemble romanesque Marie Madeleine Marguerite de Montalte (M.M.M.M.), Faire l’amour, hiver (2002), Fuir été (2005), La Vérité sur Marie Printemps-été (2009) Nue automne-hiver (2013), Jean-Philippe Toussaint oppose, à la fuite irréversible du temps humain et saisonnier, des moments brefs de simultanéité, dont la durée comprimée semble abolir l’écoulement temporel et qui constituent des sortes de faille dans le récit. L’étude des dispositifs techniques (téléphone portable, télévision, écrans de surveillance, etc.) utilisés par Jean-Philippe Toussaint et des configurations narratives qu’il élabore nous interroge sur la singularité de la simultanéité contemporaine qu’il met en œuvre, sur l’ubiquité fantasmée qui paraît caractériser notre ère de la communication instantanée à distance dans un monde globalisé. Cependant, la simultanéité s’inscrit dans une histoire des représentations modernes du temps, scandée notamment par le simultanéisme des années 1910-14 (Cendrars, Apollinaire, Delaunay, Marinetti) et par les expérimentations formelles du nouveau roman dans les années 1950 (Butor, Sarraute, Simon), dont hérite et que renouvelle Jean-Philippe Toussaint.