Il est classique d’entendre que les données constituent le pétrole du XXIe siècle. Cela n’est pas tout à fait exact, car le pétrole est une ressource finie, tandis que la production des données est infinie. Les données étant au cœur du développement des empires, l’Union européenne cherche à se positionner comme une puissance numérique, sans toutefois perdre son âme humaniste. Pourtant aujourd’hui, il convient de prendre en considération les développements de nombreuses technologies numériques, comme l’IA, qui reposent sur les données, et qui interrogent le droit d’une manière plus large que la seule question de la protection des données à caractère personnel. Cela est d’autant plus important que l’efficacité, ainsi que la rapidité de l’analyse et du traitement des données tendent à généraliser l’usage de ces technologies dans tous les secteurs publics ou privés. Cependant la génération d’une grande masse de données et son exploitation par l’IA posent en elles-mêmes des questions juridiques et éthiques. Le traitement algorithmique des données permet l’analyse des comportements, l’établissement de profils, ou le suivi des déplacements, même à l’insu des personnes. L’accès à ces données pour les exploiter via des systèmes d’IA est l’enjeu de l’administration numérique, de la smart city ou de la justice prédictive. Au niveau international, la mainmise sur les données fait aussi l’objet d’une rude compétition entre les Etats. Force est alors de constater que les données portent des enjeux de souveraineté que l’Europe est contrainte d’affronter. Bien entendu, le risque est d’oublier que l’IA doit être avant tout au service de l’homme, imposant qu’elle soit conçue et utilisée en respectant les principes éthiques et les droits humains, comme la dignité, l’intégrité, ou la non-discrimination.