On sait que la notion de fantastique, conçue comme catégorie littéraire, émerge dans le Paris romantique des années 1830, et qu’elle est liée à la réception des contes d’Hoffmann . Si l’écriture fantastique a fait l’objet, depuis, de nombreuses études et théories, notamment en France à partir des années 1950, il n’existe cependant pas de véritable consensus sur la manière de l’aborder et de la définir. L’internationalisation des recherches contribue par ailleurs à élargir et complexifier le champ, dans la mesure où la notion de fantastique n’est pas différenciée dans toutes les traditions critiques d’un imaginaire merveilleux plus large . Analyser le fantastique hoffmannien suppose donc de commencer par quelques remarques sur ces développements théoriques. L’œuvre d’Hoffmann se trouvant à leur source, il n’est pas vain de revenir sur le contexte d’époque et la poétique qui se dessine alors sous la plume des critiques comme de l’écrivain, ni d’en évaluer la congruence avec les positions actuelles, pour préciser ce qu’on peut entendre en l’occurrence par fantastique et merveilleux. Cela permettra de mieux analyser ensuite la manière dont s’intriquent perception du réel et vision intérieure, mimèsis et imaginaire, pour susciter cet effet fantastique qui demeure la signature d’Hoffmann. Avec son sous-titre programmatique, « Conte des temps modernes », Le Vase d’or en offre un exemple éloquent, tant par la construction des personnages que par le jeu sur les genres et les effets d’intertextualité.